Les deux situations que je vais exposer se passent au cours de ma deuxième année d’études lors d’un stage en service de médecine.
SITUATION N°1
Mr D, 70 ans est hospitalisé en service de médecine pour décompensation cardio-respiratoire. Au cours de la visite, le médecin demande une gazométrie. Etant hospitalisé depuis longtemps dans ce service, le patient connaît cet examen et sait qu’il est douloureux. Le médecin assistant se rend, avec le matériel de gazométrie dans la chambre du patient et l’informe qu’elle va lui « faire les gaz du sang » cependant ce patient n’avait pas de patch contre la douleur comme il en a d’habitude, il s’énerve donc et prononce des paroles menaçantes envers le médecin car il a peur d’avoir mal. Le médecin insiste puis, finalement, me demande de poser un patch EMLA à ce patient. L’infirmière réalise la gazométrie sans problèmes deux heures plus tard et le patient ne se plaint pas et est coopérant.
SITUATION N°2
Mme G, 55 ans, est hospitalisée en service de médecine pour anémie et surinfection sur cancer bronchique avec métastases osseuses notamment au niveau de la colonne vertébrale qu’elle croit être de l’ostéoporose et qui la rendent très algique et nécessitent le port d’un corset. Elle est également porteuse d’une voie veineuse périphérique. Celle-ci s’obture trois jours après l’admission alors que la patiente doit recevoir une transfusion l’après-midi même. L’infirmière informe donc la patiente qu’elle va venir lui poser une autre voie afin de pouvoir effectuer la transfusion. Mme G refuse d’être repiquée car elle ne souhaite pas avoir davantage de douleurs qu’elle n’a déjà. L’infirmière insiste alors et lui explique la nécessité de ce soin en lui disant qu’elle « ne lui fera pas mal ». La patiente accepte à contrecœur et, pendant et après le soin, se plaint d’avoir eu mal lors de la pose et de ne pas aimer avoir « un tube dans le bras ». J’ai profité d’un moment où elle a demandé le plat bassin pour discuter avec elle et elle me confie ne plus vouloir aucun soin qui « agressera son corps » à l’avenir.
Dans ces deux situations, la douleur est un facteur de refus du soin invasif. Dans la première situation, ce facteur négatif a pu être contourné et le patient a finalement accepté le soin. Dans la deuxième situation, le fait de dire à la patiente qu’elle n’aura pas mal, alors que cette patiente a ressenti de la douleur a provoqué un refus catégorique de tout soin jusqu’à la fin de son hospitalisation.
Je me suis alors demandée pourquoi l’infirmière n’avait-elle pas pris en compte le ressenti de la patiente sur le moment et pourquoi elle n’avait pas cherché à supprimer la douleur induite au lieu de la minimiser comme ce fut le cas dans la première situation.
Ces deux situations m’ont donc amenée au questionnement suivant :
« En quoi la prise en charge de la douleur influence t-elle l’acceptation des soins invasifs par la personne soignée ?